Période de stage, contrat de mise à disposition*, CDI, suivi post-insertion : Artibois a progressivement intégré Jessy au sein de son équipe, en lien étroit avec son établissement d’origine, et en l’accompagnant dans ces changements.
Bien que la loi et le discours politique actuel encouragent et prônent l’inclusion dans le monde dit ‘ordinaire’, nous constatons quotidiennement les difficultés de parcours. L’histoire de Jessy nous montre le contraire, et nous prouve que les passerelles entre structures sont possibles.
Je suis venu pour la première fois en 2018. J’ai fait un mois de stage pour apprendre le métier de menuiser.
Avant, j’étais en Esat, je faisais plusieurs tâches, comme du sablage, du montage pour les voitures, (des steps, le bouton de clim). Je faisais aussi des enveloppes, des colis. C’était souvent la même chose. J’ai fait ça pendant 8 ans.
Comment avez-vous pensé à venir travailler chez Artibois ?
Je voulais découvrir des métiers. J’ai toujours aimé le bois, ça m’impressionne, et j’aime beaucoup l’odeur du bois. Alors avec ma conseillère emploi, on a envoyé un CV et une lettre de motivation chez Artibois. Je suis d’abord venu pour un mois de stage, puis je suis reparti à l’Esat pendant 1 an, avant que la conseillère d’accompagnement (Martine) d’Artibois me rappelle : ils avaient besoin d’aide sur un chantier !
Super ! C’était de nouveau en stage ?
Non, c’était une mise à disposition de 6 mois.
Oui ! Je n’y croyais plus à la fin. Et quand Martine m’a rappelé, je n’ai pas hésité, j’ai dit oui tout de suite et j’ai commencé.
Je suis aide-menuisier. Ça veut dire que j’aide les menuisiers, et qu’eux, ils m’apprennent le métier. On parle de compagnonnage.
Parfois je suis en atelier, parfois directement chez les clients ou sur les chantiers pour la pose. C’est varié. J’apprends le métier sur le tas. J’observe, et après je me lance. C’est intéressant. Pour l’instant j’ai vraiment besoin d’avoir des consignes et d’être guidé. En ce moment je fabrique des tables, petites et grandes, pour un client.
Les deux. Tant qu’il y a du boulot j’y vais. Moi j’aime beaucoup travailler en équipe. Je suis formé par les autres, qui me montrent et me répètent, et m’aident à me servir des machines.
Quand je suis chez les clients, je fais attention à être poli et respectueux. Je vérifie derrière moi, je regarde s’il ne manque rien, s’il y a des choses à refaire. Il y a quelques mois, on a fait un chantier à Thizy (69), pour monter des placards. Les gens étaient très satisfaits de notre travail. Nous étions une bonne équipe, très soudée. On est resté sur place une semaine, ça crée des liens. C’était la première fois que je partais en déplacement et j’ai aimé. On me fait confiance.
Et bien j’ai signé un CDI !
Ça me sert pour avancer dans mon projet professionnel. Pour moi, sortir de l’Esat c’était déjà un grand pas et un grand effort. Je suis fier de moi, d’où j’en suis arrivé. Parce que au début, c’était difficile, j’avais un peu de mal à comprendre les tâches, et ça va de mieux en mieux. Je continue à apprendre tous les jours et c’est un combat au quotidien.
De continuer à avancer, ici ou ailleurs, mais pour l’instant ici. Je suis super bien chez Artibois.
Je veux continuer à apprendre des choses, savoir régler les machines comme la calibreuse, ponceuse, la scie à format, la dégauchisseuse à 90 degrés, la raboteuse pour réguler l’épaisseur et la toupie pour raboter le bois, après (il) y a la perceuse, c’est avec une mèche pour faire des trous. Après il y a le centre de d’usinage et de perçage et le collage. Vous voyez, je connais toutes les machines, je touche à tout, petit à petit !
Je veux progresser, je veux apprendre. J’aime mon métier et je l’aimerai tout le temps. C’est ça que je voulais faire et je suis très content. »
Pour aller plus loin :
Ce parcours illustre une des convictions de l’Adapei 69 : les personnes en situation de handicap sont compétentes. Elles doivent pouvoir accéder à une activité professionnelle et vivre de leur travail. Pour cela, un accompagnement humain ainsi qu’une adaptation de l’environnements de travail à leurs besoins particuliers sont nécessaires. Les Entreprises adaptées et les Esat ont développé une véritable expertise dans cet accompagnement au travail. L’objectif gouvernemental est de déployer cette expertise dans les entreprises et les autres structures de droit commun. Or souvent, la méconnaissance et la peur du handicap contribuent à exclure ces personnes de l’emploi. S’ajoutent des rigidités administratives qui peuvent bloquer ou ralentir la rencontre entre les personnes en situation de handicap et les entreprises, malgré leurs aspirations et leur volonté de se réunir professionnellement. L’Adapei69, à travers les services Formation et Connect, œuvre pour préparer les travailleurs et accompagner les entreprises dans ces démarches. Pour en savoir plus : Service Connect – Pole Formation
*La MAD (Mise A Disposition) est une modalité de détachement d’un travailleur d’E.S.A.T. (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) pour occuper un poste dans l’entreprise ou pour prendre en charge un supplément d’activité. A partir d’une convention tripartite, la personne mise à disposition reste juridiquement rattachée à son établissement d’origine dont elle reste l’usager. Elle continue de bénéficier, si besoin, d’un accompagnement médico-social et professionnel. Elle est néanmoins soumise à la hiérarchie et réglementation interne de l’entreprise d’accueil. Elle permet également aux salariés d’EA un détachement pour tester le milieu ordinaire.
L’intégration de Jessy s’est bien passée. Pour quelqu’un qui n’a jamais fait de formation dans le bois, nous avons pu noter une nette progression depuis son stage en 2018. Au début, avec les menuisiers encadrants nous avons identifié ses besoins, repéré les points d’attention pour adapter son accompagnement. Il était parfois nécessaire de répéter les consignes, de corriger ses gestes professionnels et d’expliquer les différentes étapes. Il a su prendre en compte les remarques et est à l’écoute des conseils.
Je confirme sa réelle envie d’apprendre et le développement de ses compétences depuis son intégration sur le poste d’aide-menuisier, sans oublier le savoir être professionnel en entreprise et l’esprit d’équipe.
Nous sommes en réflexion sur la valorisation de l’accompagnement à la formation sur poste de travail pour identifier et valider les compétences et acquis.
Pour aller plus loin : contact@oseat.fr